Ecriture d’un roman scolaire
ficelles et recettes de cuisine…Quelques idées pour écrire et produire un roman scolaire pouvant déboucher sur la mise en place d’une classecoopérative (Sur la base de trois expériences vécues.)
Première expérience : travail au CE1 : (avec 26 élèves : en France, milieu semi-urbain : banlieue résidentielle de Lyon Saint Cyr Au mont D’Or)
Imprégnation libre : Dans un premier temps, les enfants ont lu et apporté un grand nombre de petits albums de lacollection « Monsieur », « Madame ». Les livres étaient disposés sur un présentoir et étaient à disposition de tous. Très vite apparaît l’idée « d’en faire un ».
Préparation collective : le choix du personnage : pour arriver au choix final plusieurs techniques sont abordées : discussions collectives, votes, tirages au sort … En fin de course, un personnage émerge et prend forme : dans ce premier cas, il s’agissait de « Monsieur Cool ».
Longue phase orale : il s’agit de s’approprier le personnage de lui donner corps, des sentiments, des attitudes et un »look ». On en arrive à une phase de dessin pour se le représenter avec des détails et accessoires qui resteront. Monsieur Cool était un personnage à qui il arrivait toutes sortes de malheurs et de difficultés sans que cela n’entame son flegme …
Dans le modèle choisi : format carré, une page image au graphisme simple alterne avec chaque page texte, il est facile de faire vivre le personnage visuellement… Monsieur Cool avait un petit chapeau et une pipe, chaque enfant qui le dessinait ensuite le rendait chaque fois identifiable, malgré les différences de graphisme, par la présence de ces accessoires.Découpage : pour Monsieur Cool le découpage que j’avais choisi reposait sur la semaine, ce qui, soit dit au passage, correspondait au travail mené parallèlement sur le temps en histoire. Le personnage vivait une semaine, où chaque jour il affrontait une difficulté nouvelle.
Chacun des jours pouvait donner lieu à l’écriture de 1 à trois textes. Le découpage a été réalisé en phase collective : tel jour, telle difficulté. Les textes ont été écrits par groupes de 2 à 4 élèves maximum. Chaque page était ensuite illustrée par des élèves différents (il n’y avait pas « un illustrateur).
Le livre a été réalisé sur une période de presque un trimestre, démarré avant la Toussaint, le livre a été imprimé pour Noël. Réalisation technique simple : photocopie, agrafage, massicotage avec les moyens de l’école et la Mairie.Dans ce projet c’est le « et après » qui s’est révélé le plus enrichissant pour la classe. Une fois la satisfaction du travail effectué « on a fait un vrai livre », des habitudes étaient prises par la classe et c’est tout naturellement une classe coopérative qui est né du projet.
Le livre a été exposé dans un salon du livre de Jeunesse (Salon du livre de jeunesse des Mont D’Or) à côté d’autres « vrais livres » ! Les élèves ont voulu ensuite vendre le livre, ce qui a été fait puis dans la foulée un journal est né : le « Coin-Coin Illustré ». L’idée d’utiliser ces ressources pour faire un voyage en fin d’année est apparue à partir de la rentrée de janvier, toute la vie de la classe s’est alors organisée dans ce but.La préparation du voyage m’a permis de raccrocher tous mes apprentissages de l’année dans quasiment tous les domaines sur des actes concrets. Il a fallu écrire, sedéplacer, chercher des horaires de train, de bus, étudier de la documentation, calculer à tout moment, rédiger des chèques, porter de l’argent à la poste, tenir une comptabilité, utiliser un minitel, demander des subventions, recevoir la presse locale…
Dès lors tout s’est enchaîné : il est apparu qu’il fallait trouver un espace de parole (le conseil de coopérative), développer les notions d’écoute de l’autre, d’entraide (car le principe de base était « on part tous , ou l’on ne part pas du tout » donc coopérer avec le copain pour l’aider à réussir devenait capital pour soi même !Et après bien des difficultés, bien des moments de doute mais aussi bien de moments excitants et passionnants, lesjournalistes du Coin Coin Illustré sont allés à Paris (en TGV et en première classe s’il vous plait !), sont montés au premier étage de la Tour Eiffel, on fait le tour de Paris en autocar et en Bateau Mouche… Mais pour tous ce voyage n’a constitué que la cerise sur le gâteau, l’essentiel s’était passé avant … Bref une année inoubliable pour mes élèvescomme pour moi …
Mais cette année-là, je me suis un peu moins occupé de ma direction d’école…
Deuxième expérience : travail au CM1/CM2 avec 9 élèves : école de la Mission Laïque à Göteborg en Suède. Durée : presque deux trimestres
Préparation : le livre « Journal de Georges Bouton Explomigrateur » de Gérard Moncomble a été lu et étudié en classe. Travail classique sur une lecture suivie : questions, jeux de lecture, lecture silencieuse, quelques phases de lecture orale…Une fois l’étude terminée, j’ai soumis aux élèves l’idée de réaliser un livre en imitant le style du livre (farfelu et drôle). L’idée a été adoptée avec enthousiasme par la classe.Compte tenu du faible effectif il a été beaucoup plus facile de résoudre un certain nombre de problèmes pratiques : choix du héros et des personnages, lieu où se déroule l’aventure.En fait celle-ci se situait en Suède, le héros rencontrait la classe et vivait des aventures qui prenaient place dans des lieux visités par les élèves dans le cadre de leur vie à Göteborg et dans le cadre d’activités vécues par la classe visites dans un parc d’attractions, au musée d’histoire naturelle, dans un chantier de construction d’un navire viking, à l’école avec rencontre de personnages réels connus des élèves etc …Une fois l’intrigue adoptée : le héros venait rechercher l’existence des Trolls en Scandinavie et la structure du livre reposant sur le journal, il a été facile de découper les aventures en séquences plus ou moins indépendantes les unes des autres.Certaines séquences ont été écrites « à la manière de » en reprenant le style et le ton de l’auteur du livre étudié, d’autresétaient tout à fait originales. Toutes les situations reposaient sur des expériences vécues et connues des enfants la motivation est restée soutenue. À la fin un travail de cohérence à été mené, il a fallu faire quelques « raccords », mais l’ensemble avait acquis une cohérence.Les illustrations ont donné lieu à un travail également collectif, comme pour Monsieur Cool il a fallu donner une apparence identifiable à coup sûr au héros principal ainsi qu’aux personnages récurrents.Une fois le livre écrit, un travail manuel a été réalisé car les enfants ont travaillé à la fabrication du livre proprement dit dans le cadre d’un atelier de reliure.
Troisième expérience : CE 1, 23 élèves, milieu urbain, Ecully (agglomération de Lyon).
Motivation et préparation identique à l’écriture de Monsieur Cool. Choix du héros, des personnages, de l’aventure etc … Travail collectif à l’identique. Pour le découpage, la technique utilisée a été différente. J’ai mené plusieurs séquences avec la classe sur le nanoréseau de l’école sur un logiciel d’écriture intitulé « contes ».Le principe est simple, un conte est découpé en séquences, chaque séquence donne lieu à des choix par les élèves, le conte est ensuite produit par le logiciel.
Le schéma narratif est celui de la quête.
Ainsi on détermine :
Un lieu ou se déroule l’action,
Un héros, avec des qualités physiques, des qualités morales, des défauts
, Des amis du héros,
Des ennemis du héros,
Une épreuve rencontrée par le héros,
Une deuxième épreuve,
L’acte final,
Le dénouement.Les élèves ont ainsi réalisé plusieurs contes, le logiciel produisant au final des récits cohérents suivant une trame ordonnée.
C’est tout naturellement cette trame qui a été adoptée, le découpage entre les phases de la quête distribué aux élèves par groupes de deux à quatre maximum.Le livre a été réalisé en un mois environ. Il n’a pas eu les mêmes prolongements que Monsieur Cool, cette année-là la direction était prenante et monopolisait l’essentiel de mon temps et de mon énergie…