Mission TICE premier degré 2004 – 2006
Mission TICE premier degré 2004 – 2006
Cette mission TICE au CDDP de Charente Maritime aura été pour moi l’occasion de plonger dans les arcanes du fonctionnement de la France.
Lorsque l’on revient d’un séjour assez long de l’étranger, retrouver la France c’est retrouver la Gaule et ses tribus, les territoires réservés, les prés carrés où il n’est pas de bon ton de s’aventurer si l’on est « étranger ».
Ce fonctionnement se retrouve dans différentes strates de la société que l’on se place sur le terrain politique, administratif, professionnel, sportif…Poursuivant un même objectif, défendant la même cause, nous ne pouvons à un moment nous empêcher de nous sentir viscéralement concurrents…
J’ai toujours en tête une image… Lors de notre séjour en Suède nous étions partis dans le cadre du projet de fusion entre Renault et Volvo, deux grands constructeurs automobiles s’il en est … Pourtant là aussi, culture d’entreprises différentes. A l’occasion de Noël un petit spectacle de théâtre et de sketchs avait été organisé par des personnels des deux entreprises. Un épisode illustrait bien ce constat : sur la scène on voyait, face au public, deux équipes de sportifs, coureurs à pied, qui mimaient une course à pieds au ralenti. La musique du film « les chariots de feu » constituait le fond sonore : l’équipe suédoise (avec Volvo sur le maillot) était ordonnée, dès qu’un coureur semblait perdre du terrain, les autres le soutenait, le poussait en avant, le groupe faisait bloc… les français (avec Renault sur le torse) commençaient à jouer des coudes, à se tirer par le maillot, à se faire des crocs en jambes faisant tout pour occuper la première place au sein de l’équipe. Ce sketch illustrait parfaitement la situation, les suédois privilégiant l’esprit de corps, le premier ralentissant pour attendre les autres, les derniers étant aidés, et au final, c’est l’équipe entière qui triomphait.
Chez nous c’était une compétition acharnée dans l’équipe, place à l’individualité, au petit leader, vite remplacé par un autre, le tout dans une confusion extrême…La moralité de tout ça ? Pas si simple… Au final si l’on y réfléchit bien, les Renault et les Volvo sont de bonnes bagnoles toutes les deux !!!
Pour en revenir à la mission… Tout commence par une ambiguïté : dépendant officiellement de l’inspection académique je suis placé sous l’autorité du directeur du CDDP… Choisis ton camp camarade !
Il ne m’a fallu longtemps pour ressentir les tensions entre les deux « maisons »… Pas de guerre ouverte à proprement parlé mais une situation au final qui débouche sur un gaspillage de temps et d ‘énergie pour faire progresser les choses.
Pour moi une mission c’est un objectif qui est fixé au départ et pour lequel on rend compte au bout d’un certain laps de temps… dans le cas présent difficile de prendre la moindre initiative sans en référer de manière incessante à tous les échelons de la hiérarchie, de piétiner, de revenir en arrière, de calculer les réaction de un tel et un tel… De ne froisser aucune susceptibilité.
L’éducation nationale est une grosse machine, une très grosse machine administrative pour qui a connu la nage avec palme à l’étranger ici plutôt c’est le scaphandrier à pied lourds qui prend la place !!
Au delà de l’administration on rentre dans la sphère politique locale… J’ai beaucoup apprécié de travailler avec l’association des maires de Charente Maritime et le syndicat informatique, organismes qui tentent de fédérer certaines actions , essentiellement sur un plan technique.
J’ai été amené à côtoyer et à rencontrer sur le terrain de nombreux élus. Parfois,au fil des rencontres et des réunions les discussions dépassaient mon sujet, l’informatisation des écoles, pour pénétrer dans les querelles et les conflits locaux…
L’école est au carrefour de ces deux mondes : le monde centralisé et jacobin de l’administration de l’éducation nationale et le monde profondément local de la commune… Les ordinateurs sont propriétés de la commune mais l’usage qui en fait est revendiqué par l’éducation nationale… oui mais si un usage délictueux est fait sur l’ordinateur c’est le maire qui, au final, sera responsable…
Alors bien sur on progresse, l’état met des moyens à disposition pourtant que la commune prenne des initiatives au niveau de l’équipement passe encore si elle ose entrer dans les usages … catastrophe !
Que n’ai je pas entendu des uns et des autres ! Pourtant que de bonne volonté de « chaque côté » mais que de querelles stériles, que de procès d’intention…
Le plan AIRE a ceci de particulier et d’intéressant qu’il transcende tous les clivages et tend vers un fonctionnement partenarial entre l’état et les collectivités locales.
J’ai particulièrement apprécié de me trouver au milieu de ce dispositif et de tenter de nouer des fils entre toutes les parties. Voilà bien le genre de mission qui me plaît…
D’autre part gérer cette logistique de transfert de machines des collèges vers les écoles consistant à organiser le passage d’un échelon territorial (le Conseil Général) à un autre (les communes) tout en oeuvrant en tant qu’agent de l’état me plaçait au centre même d’une logique d’aménagement du territoire, tâche concrète et motivante s’il en est !