Là où la Camargue se déglingue.
Ben tiens ça fait une paye que je n’ai pas respiré l’air iodé, coincé que je suis dans mes montagnes. Le crétinisme des Alpes ne risque t-il pas de m’atteindre ? N’est- il pas déjà trop tard ? De l’iode, vite où je fais un malheur !
Toujours est-il que l’envie me prend d’aller traîner mes basques du côté de la grande bleue. Mais attention ! La vraie, pas la mare aux harengs et ses marées pas marrantes.
Mare Nostrum, la belle bleue, Méditerrrrannnée ….
Méditerranée
Aux îles d’or ensoleillées
Aux rivages sans nuages
Au ciel enchanté
Méditerranée
C’est une fée qui t’a donné
Ton décor et ta beauté
Mé-di-terranée !
Pourtant pas question d’aller frayer dans une quelconque station balnéaire. Non, moi j’ai plutôt une attirance pour les friches industrielles portuaires et une tendresse infinie pour ces cargos rouillés, usés par les coups de chien des vents d’hiver, cabossés par les accostages approximatifs d’un capitaine alcoolique.
C’est donc en suivant le cours de mon fleuve préféré, traversant la Provence, les Alpilles et la plaine de la Crau que j’atterris à Port Saint Louis du Rhône.
Sitôt stationné le long d’un quai défoncé au bord du fleuve, hop, j’extraie ma bécane du coffre de la voiture, je le déplie et roule ma poule !
Le vent marin souffle avec obstination et je dois appuyer sur les pédales de mon Brompton avec la vigueur enthousiaste d’un coureur du Tour de France luttant pour éviter la bordure afin de progresser dans ce paysage tourmenté.
Ici la Camargue se déglingue en étangs, zone de stockage, cabanons, usines écroulées, grues, bassins de plaisance, chalutiers paumés. Des grues et des silos surgissent au fond des marécages. C’est samedi, l’activité est réduite mais on croise encore des camions trimbalant des containers et des camions citernes partis ravitailler les pompes de l’arrière pays.
Amarré le long d’un quai désert, un fluvio maritime bancal semble bien seul. Hélas les grands navires sont plus loin, inaccessibles dans les enceintes fermées des ports de commerce.
Dans la rade, les pétroliers poireautent au mouillage en attendant d’aller vider leurs cuves d’or noir dans les terminaux pétroliers de Lavéra.
Le long de la plage, le vent du sud propulse les lascars en kite surf qui s’envolent et batifolent dans l’écume et les vagues.
Sur un parking poussiéreux, serrés comme des harengs des dizaines de boites à vieux à roulettes sont parquées… ah les joies du camping car, le parking de Carrefour aux heures de pointe !
Ce n’est plus l’été, les cabanons sont désertés, ce n’est pas encore l’hiver et la journée est douce.
Encore un instant monsieur le bourreau, encore une bouffée d’air du large avant de remettre le cap au nord et retrouver mes volcans assoupis…
On sent le soulever les cheveux et l’on frissonne de nostalgie
Bien vu mais quid de beauduc ?