Alphonse, la voilure et les pinnipèdes…
Alphonse, le grand Alphonse Boudard, dans un couloir de l’hôtel Vitocha de Sofia où nous allions dîner, invités par mon patron de l’époque, conseiller culturel près l’Ambassade de France en Bulgarie et répondant au nom de jardin planté d’arbres fruitiers, prénom, Jacques, ami du ci devant écrivain, m’avait asséné cette vérité : « les phoques n’ont aucune accointance avec une soi-disant sodomie polaire.
Pour lui ces aimables pinnipèdes n’avaient rien à voir avec l’expression « pédé comme un phoque ».
Cette conversation pré prandiale s’inscrivait dans le cadre d’une causerie littéraire autour de la sortie du dernier ouvrage du maitre : « la Fermeture » et qui traitait du funeste bouclage des maisons closes suite à la loi scélérate d’une certaine Marthe Richard…
Ainsi selon lui, l’expression devait se comprendre (et se lire pour cause d’homophone trompeur) : « pédé comme un foc ». Du nom de la petite voile triangulaire sensée prendre le vent par derrière… Le foc.
Ouais, ouais, ouais…
Mon cher Phonphonse, avec tout le respect posthume que je te dois, permets mois de te dire que si des claques et autres maisons Tellier je n’en n’ai pas connu beaucoup, en revanche côté voile j’en connais un rayon.
Sache d’abord que j’ai été abonné à la revue « Bateaux » de 1972 aux années 2000, que des dits bateaux j’en ai eu des flottes, que l’Invincible Armada à côté c’est juste une escadre digne de trois merdeux boutonneux barbotant sous la surveillance nonchalante de leurs nurses anglaises un jeudi après-midi au bassin du Luxembourg…
Des voiles triangulaires, des focs, j’en ai eu des quantités et de toutes les dimensions, c’est simple je ne les ai jamais comptées …
De mon premier Vénéxiana qui s’illustrait aux régates de la baie d’Aigues Mortes dans les années soixante-dix et dont les sacs à voiles remplissaient le poste avant, d’Ondine mon plan Van de Staadt sur les rivages de l’océan indien et dont je n’ai jamais fait l’inventaire des voiles d’avant empilées qu’elles étaient dans un gourbi du Yacht Club de Dar Es Salaam.
Je ne parle pas non plus des génois de Vénéxiana 2 qu’un abruti de soi disant maître voilier ne savaient couper aux dimensions que la jauge exigeaient, ni de l’inter de mon Raspoutine que j’avais commandé à une voilerie du lac du Bourget…. Oserais-je évoquer le foc de mon fidèle kayak à voile navigant de la mer Noire, aux arches du château de Chenonceau sans parler des courants retors du fier d’Ars ???
Tout ça pour te dire après près de trente années et avec tout le respect posthume que je te dois, que justement, mon cher Alphonse, tu te le fourres dans l’œil jusqu’à l’os, le doigt…
Mais non bordel, ah pardon ça m’a échappé… Non un foc ne prend pas le vent par derrière, un foc c’est justement la voile qui va bien pour susciter l’écoulement laminaire propice à la remontée au vent …
Non mille fois non, un foc ne prend pas le vent par l’arrière !
Ben non mon cher Alphonse, il eut été plus exact de parler de « pédé comme un spi »…
Là oui, parle-moi de ça. Voilà une voile qui assure ses arrières, qui se gonfle d’aise, caressée par le souffle facétieux d’un Zéphyr turgescent…
Bon je te l’accorde « pédé comme un spi » c’est un peu con comme la lune ….
Alors, eut égard (de triage) à ton grand œuvre, gardons l’expression se référant à la voilure, oublions les phoques et aimons nous les uns les autres … ou les uns dans les autres…