Internet versus CDI …
L’impact du numérique sur le secteur de la documentation pédagogique n’en finit de de secouer les pratiques pédagogiques.Une nouvelle étape est franchie, voici que désormais le réseau internet se retrouve directement sur la table de classe.
Dans le cadre de l’opération « Ordicollège19 » tous les élèves de 5ème des collèges de Corrèze se voient dotés d’un ordinateur portable connecté à la toile mondiale. Il est désormais possible d’effectuer une recherche, depuis la salle même de cours sous la responsabilité du professeur.
Quelle vont en être les conséquences de ces pratiques nouvelles pour les CDI des établissements ? Peut on affirmer que l’irruption de l’internet dans la classe, sur le bureau même de l’élève, signe à terme, la mort des CDI et la disparition programmée des professeurs de documentation ?
Ce serait aller un peu vite en besogne…
Pourtant la médiathèque, la bibliothèque se trouve en quelque sorte » dé sanctuarisée ». Les élèves peuvent rechercher l’information sans avoir à se déplacer, nul besoin de se rendre au CDI pour consulter une source documentaire numérique sur une machine dédiée à la recherche en ligne…
La question qui se pose est bien évidemment celle la qualité de l’information délivrée, autrement dit, celle de sa validation. L’argument généralement avancé par les détracteurs de l’internet consiste à affirmer que ce dernier fourmille de contenus douteux,voir illicites. C’est vrai, que l’on trouve de tout sur Internet… y compris de l’information sérieuse !
Le temps du numérique n’est pas celui du papier, la mise à jour d’une information, d’un concept, n’est pas assujettie au lent processus de réimpression d’un ouvrage traditionnel, sur internet elle est instantanée. Pour autant ce point renforce avec acuité la question de la validation de l’information.C’est dire que dans la classe, c’est à l’enseignant qu’il revient de procéder à la validation des informations issue des recherches de l’élève. Dès lors que celle ci est extraite d’un site qualifié d’institutionnel, l’information sera à priori considérée comme fiable, point n’est alors besoin d’être un spécialiste de la discipline pour garantir cette première validation.
S’agissant de sites non estampillés d’une reconnaissance institutionnelle comme peuvent l ‘être des sites comme Gallica, ou la bibliothèque de l’Unesco , la validation du contenu nécessitera alors des compétences que le professeur de la discipline sera plus à même de délivrer que le documentaliste à vocation plus généraliste.
La question qui se pose est celle ci : si l’on admet le postulat que la médiathèque délivre une information fiable mais probablement moins récente que celle que l’on trouve sur l’internet, peut on prendre le risque d’inciter l’élève à rechercher une information plus fine et plus juste sur la toile au risque de tomber à côté, voir de se fourvoyer ?
Autre question, qu’apporte le CDI que n’apporte pas la machine ?
La réponse semble être dans la question : avant tout celle d’offrir une présence humaine. A l’écran insensible et immatériel s’oppose la présence rassurante de l’humain, du professeur documentaliste, au cliquetis du clavier, l’effeuillage rassurant du papier, le poids du livre qui scelle un retour vers un temps maîtrisé, plus lent, plus posé, plus rassurant.
L’étude nécessite la réflexion, le retour sur soi, la confrontation d’hypothèses avant de formuler une conclusion. Au zapping de l’écran, suite de flashs instantanés, la lecture des pages d’un livre fixe le temps, permet au raisonnement de cheminer et de se construire dans une sérénité retrouvée.
De tout temps la machine a suscité des craintes voir une hostilité de la part de ceux qu’elle était sensée soulager.
Peut on établir un parallèle entre la crainte des caissières de supermarché qui redoutent de perdre leur emploi face à la mise en place de caisses automatiques ? Ce serait osé ! Faire de la connaissance un vulgaire un simple objet de consommation courante…
Et pourtant sommes nous si loin de tout cela ?
La connaissance est par définition immatérielle. la pensée nait dans l’enchevêtrement de nos neurones et ne se matérialise qu’au travers d’un support écrit ou audio visuel. L’internet prolongement virtuel de l’homme neuronal s’inscrit en force comme vecteur de connaissance et s’affranchit de l’inertie du support papier pour redonner vigueur et immédiateté à la transmission du savoir. Nous ne sommes plus à la veille d’un nouveau monde , nous sommes déjà inscrits dans un processus irréversible, nous en sommes déjà les acteurs, il est perceptible tout autour de nous, de la triviale corvée des courses au supermarché à la noble tâche d’éduquer…